Navi Radjou, consultant et essayiste, est spécialisé dans l’innovation et essayiste. Il a puisé dans sa culture indienne pour théoriser le concept d’« innovation frugale » ou « comment faire mieux avec moins ».
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Navi Radjou grandit à Pondichéry, comptoir français en Inde jusqu’en 1962, « un terreau multiculturel où se mêlent le français, l’anglais et le tamoul ». Français par son père, officier dans la Marine nationale, il quitte l’Inde pour étudier en France. Après des études d’informatique de gestion, il intègre un master à l’École Centrale de Paris. Son intitulé : Systèmes informatiques ouverts. « Cette idée d’ouverture et de collaboration entre les entreprises m’a séduit. Aujourd’hui, on parle beaucoup d’économie collaborative mais en 1995, c’était nouveau. » À 29 ans, il part pour les États-Unis. « Je ressentais comme une force intérieure qui me disait “ta vie est en Occident. Oublie l’Inde pour le moment”. »
« Un modèle fondé sur le partage et l’ingéniosité »
Très vite, il se passionne pour ce qui demeure son sujet de prédilection : l’innovation frugale ou « comment faire mieux avec moins ». « Quand je vivais en Inde, je côtoyais quotidiennement ce modèle vertueux, fondé sur le partage et l’ingéniosité. Certes les gens sont pauvres matériellement mais ils sont riches de leurs connaissances, de leur solidarité, de leur “débrouillardise”, qui se dit jugaad en hindi. On peut aussi traduire ce mot par “résilience créative”, c’est-à-dire cette faculté de transformer les difficultés en opportunités, de créer plus de valeur, sur les plans économique, social et écologique, tout en épargnant les ressources rares. » Et de citer ce potier qui, grâce à son savoir-faire et sa générosité, a fabriqué pour la communauté villageoise un réfrigérateur en argile, capable de maintenir les aliments au froid pendant plusieurs jours.
Une écologie « sans frontière, humaniste et spirituelle »
« Cette approche de l’innovation m’a reconnecté avec l’Inde. Face à l’Occident vieillissant, je vois dans les pays d’Asie de nouvelles sources émergentes, capables de proposer une alternative qui soit respectueuse des ressources naturelles et du bien-être des populations. » De lectures en conférences, de voyages en rencontres, Navi approfondit sa propre approche de l’innovation frugale et la structure autour de trois piliers : l’inclusion, l’agilité et la durabilité. À 39 ans, il participe à la création d’un centre de recherches sur l’Inde à l’Université de Cambridge. Riche de plusieurs cultures – indienne, française et anglo-saxonne –, il plaide pour une écologie « sans frontière, humaniste et spirituelle » qui ne cloisonnerait plus le monde en pays du Nord et pays du Sud, et replacerait l’Homme au cœur de la Nature.
Bio
Quitte Pondichéry pour la France
Master spécialisé à l’École Centrale de Paris
Théorise le concept d’innovation frugale